Communication

Ne jamais faire d'excuses sur les réseaux sociaux

Source Le Point - 23 Août 2018 - page  9 - Laetitia Strauch-Bonart

Il semblerait que ceux qui survivent au lynchage numérico-médiatique, aujourd'hui, soient ceux qui ne s'excusent jamais.

Pourquoi ce curieux phénomène ? En campant sur ses positions, on soude sa base et on se renforce. En reconnaissant ses tords en public, au contraire, on ouvre la boîte à Pandore, d'autant plus à l'ère de la tweetocratie. Des excuses présentées de bonne foi devraient impliquer que les redresseurs de torts, une fois satisfaits, s'apaisent. Mais la foule à d'autres ressorts : les excuses poussent celle-ci à en demander d'avantage. Pis, quand on s'excuse publiquement, on se met à douter de soi-même : ce faisant, on devient le complice des accusateurs, comme ces communistes qui, lors des procès staliniens ou autocritiques maoïstes, semblaient convaincus d'être coupables .... en s'excusant, on s'accuse deux fois plus.

Le tribunal de la foule est à l'opposé de l'Etat de droit : dans un vrai procès, passer aux aveux est souvent la voie vers une peine plus clémente ; face à la vindicte populaire et à sa multiplication numérique, c'est le contraire.

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L'école Zidane

Suite à son célèbre "coup de boule" Zidane de s'est jamais excusé auprès de son insulteur, mais a exprimé des valeurs positives en déclarant que "ce n'était pas l'image de lui qu'il voulait donner à ses enfants".

S'excuser, cela aurait été se rabaisser au niveau dégradant de son insulteur et recentrer la polémique sur des injures véhiculant des valeurs négatives.

En parlant de ses propres valeurs, Zidane recentre l'attention des réseaux sociaux sur sa propre personne : il reprend la maîtrise de la polémique.

En portant des valeurs positives, Zidane mobilise sa famille, ses supporters, tout en neutralisant les pulsions malsaines de la meute des réseaux sociaux.

Face à une attaque sur les réseaux sociaux, un personnage public ou une entreprise doivent adopter la conduite suivante :